Jeunes en situation de vulnérabilité et ressources mises à disposition
Qu’est-ce que la vulnérabilité ?
La jeunesse, passage entre l’adolescence et l’âge adulte, est une période parfois difficile à traverser. Les changements physiques, psychologiques, biologiques, cognitifs et sociaux entraînent l’individu à se questionner sur sa propre identité, ses sources d’identifications, sa perception de lui-même, son rapport au monde, et ce qu’il souhaite faire dans sa vie. Il est attendu d’un.e adolescent.e qu’elle et il commence à devenir autonome, fasse ses propres choix, crée son propre réseau, trace son chemin professionnel, autrement dit : « avance »… Et tout cela en même temps. Les pressions sociales, familiales et surtout sociétales amènent les jeunes à un risque de rupture, les plongeant ainsi dans un état de vulnérabilité.
« Quand on est une personne vulnérable, c’est qu’on a moins de ressources pour pouvoir s’en sortir tout seul. La personne devient donc plus affaiblie par rapport à tout ce qui l’entoure ».
Sandra, TSHM
« La vulnérabilité, c’est tout ce qui empêche les jeunes d’avancer ».
Toufik, TSHM
Comment les jeunes font face à cette situation de vulnérabilité, quels sont les moyens à disposition pour tenter de s’en extirper ? À travers notre site internet, nous tentons de répondre à ces questions sur la base de deux portraits sociologiques. Kevin est originaire de Perly-Certoux (région rurale) alors que Marie a grandi à Plan-les-Ouates (région suburbaine). La finalité de ces comparaisons est de mettre en exergue les différents supports et ressources mobilisées par chacun.e pour sortir de cette situation de fragilité.

La commune la plus jeune de Suisse
Plan-les-Ouates, avec plus de 10’000 habitants, s’apparente davantage à une ville. Proche du centre et facilement accessible, le village s’est rapidement transformé en une agglomération. Depuis quelques années, Plan-les-Ouates est devenue la commune la plus jeune de Suisse avec près de 27% de sa population âgée de moins de 20 ans. Par conséquent, la commune développe beaucoup de structures afin de pallier aux problématiques juvéniles telles que : manque de motivation, décrochage scolaire/professionnel, repli sur soi, délinquance, etc. La commune de Perly-Certoux, quant à elle, est plus excentrée et donc moins accessible en transports. Accueillant moins de jeunes, les infrastructures sont donc moins développées ce qui incite les jeunes à se déplacer dans les communes avoisinantes telles que Plan-les-Ouates.
Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec deux jeunes et avons abordé les différentes étapes clés de leur parcours de vie afin de comprendre les raisons qui les ont menés à une situation de vulnérabilité. Puis, nous avons souhaité mettre en avant la nature de leurs ressources et leur potentiel pour s’extirper de cette posture inconfortable.
Marie – Suivre la voie valorisée par défaut : la spirale de l’échec
Marie a grandi dans le quartier de Plan-les-Ouates où elle y débute sa scolarité. Pour la suite de son cycle primaire, ses parents l’inscrivent dans une école privée catholique en France. Trop sectaire selon elle, Marie se fait virer de l’école privée.
Des études à tout prix ?
« Moi je ne suis pas école, j’arrive pas à être derrière une chaise pendant toute la journée à écouter les cours ».
Marie, jeune de PLO
De retour à Plan-les-Ouates, elle refait sa dernière année de cycle primaire dans son ancien collège, avant d’accéder au cycle secondaire et de terminer sa scolarité obligatoire. Durant sa dernière année scolaire, Marie découvre divers métiers par le biais de plusieurs petits stages. Toutefois, ne trouvant rien qui corresponde à ses ambitions, comme la plupart des jeunes de son âge, elle s’inscrit à l’Ecole de Commerce. Rapidement, elle réalise son désintérêt pour cette voie. Par conséquent, Marie poursuit finalement ses études à l’Ecole de Culture Général. Cette seconde expérience est révélatrice, car la jeune se rend finalement compte que les études ne répondent pas à ses aspirations.
Un tournant vers la pratique
« Mon père il a une entreprise, un food truck. Depuis l’âge de mes dix ans, je l’aide et je travaille avec lui… Depuis toute petite, j’ai été dans la pratique. C’est pour ça que l’école j’arrive pas. Alors que le taff, tu me le donne et je le fais, tu vois ? »
Marie, jeune de PLO
Dans le cadre de sa rupture à l’ECG, Marie rencontre un conseiller qui la soutient dans ses recherches d’apprentissages : « Si j’avais pas eu d’encadrement, je me serais pas dit : allez, je suis chez moi, je fais mes recherches et ma lettre de motivation. Parce que ma lettre et tout, j’ai fait avec le conseiller. Il faut avoir plus de motiv pour faire CV lettre, envoyer et tout plutôt que pour l’entretien d’embauche ».
Une galère sans trop de galèrage
« En fait, on est tout le temps entrain de galérer, il faut savoir… Mais c’est pas la galère parce qu’on est tous là. Il y a tout le temps quelque chose à dire ou quelque chose à faire »
Marie, jeune de PLO
N’ayant rien trouvé et étant encore mineure, Marie est soumise à la loi genevoise FO18 ; une formation obligatoire pour les jeunes âgés de 15 à 18 ans en situation de décrochage. À la rentrée suivante, elle intègre donc, durant 6 mois, un module « vers apprentissage » dans le but de se remettre sur la voie de la formation : « Le conseiller que j’avais à l’ECG, il travaille aussi à FO18. De toute façon, j’allais à FO18 l’année prochaine parce que j’avais pas 18 ans. Donc il pouvait pas me laisser rien faire. Soit je trouvais un apprentissage et comme j’ai pas trouvé d’apprentissage, automatiquement je suis allée là-bas… »
Deux après-midis par semaine, Marie suit des cours spécifiques. En plus d’un entretien par semaine avec son conseiller pour des recherches d’apprentissages. La jeune fille ne se rend pas toujours compte du sens de cette formation, cependant, elle est consciente des conséquences si elle n’y va pas : « Mais vas-y… en gros si on va pas, ils enlèvent les allocations familiales… et moi j’ai essayé d’aller, tu vois… pour ma mère, plus ».

Malgré que cette période de galère ne soit pas agréable pour Marie, elle réussit à relativiser sur sa situation… Très attachée à son quartier et à ses amis, la jeune fille a l’habitude de fréquenter le Locados (le centre de loisirs de Plan-les-Ouates). Dans la même foulée, Marie rencontre également l’équipe de Travailleurs Sociaux Hors Murs (TSHM) de Plan-les-Ouate, avec lesquels elle crée un important lien de confiance : « Je sais qu’ils étaient trop derrière moi. Ils m’ont motivée et ont répondu à mes questions. Ils sont un repère. Dans le sens que si je suis perdue, je sais que je peux me diriger vers eux ».
Une deuxième maison
Sa fréquentation au centre de loisirs du Locados ainsi qu’au local des TSHM devient donc pratiquement quotidienne durant sa période de décrochage. En effet, durant plus d’un an, ce sont des lieux où Marie se sent à l’aise, peut échanger, partager et occuper une partie de son temps libre. Les professionnel.le.s l’encouragent et la soutiennent également dans ses recherches d’apprentissage.

« J’ai fait les lettres de motivations. Dès fois, ils me relisaient ou même, on parlait de ça… ». Ces derniers lui proposent également divers petits jobs rémunérés : « J’ai bien aimé, franchement c’est trop stylé ! Par exemple, l’entretien de la Villa en bas à Plan-les-Ouates. Il y a des associations qui ont leurs bureaux tu vois ? Y’a genre une salle de boxe et du coup on l’a nettoie, par exemple. (…) Mais j’ai pas fait que ça. J’ai fait des montages, des démontages, genre le festival rock, j’ai fait aussi la patinoire à Perly… ».
Un coup de bol qui met le feu aux poudres
Durant son cursus à FO18, sa mère lui donne un coup de pression quant à ses recherches d’apprentissages : « Ma mère elle voulait à tout prix que je trouve un apprentissage et j’ai dis vas-y j’envoie au bol… Et j’ai vu l’annonce sur orientation.ch, j’ai vu la Poste, je me suis dit : poste, facteur, scout… direct, j’ai pensé au scout (rires). Je me suis dit que ça pourrait me plaire et j’ai envoyé ».
Des compétences avérées dans le travail pratique
Finalement, grâce aux ressources mises à disposition et sollicitées par Marion, cette dernière a pu trouver une place d’apprentissage obtient finalement sa place d’apprentissage en logistique de distribution à la Poste AG. La jeune femme affirme qu’elle y trouve du sens et se sent épanouie et que cette lui plaît beaucoup, surtout l’aspect pratique : « J’aime pas l’école, c’est pas possible, j’ai essayé toutes les écoles (…). Par contre la pratique, ah, mais ça… Je me lève à 5h pour y être à 6h, je ne suis même pas fatiguée ! Je trace et j’arrive, je sais direct ce que je dois faire parce qu’en fait, c’est tout le temps la même chose, tu vois ? ».
Kévin – Ne rien faire est une chose, ne rien pouvoir faire en est une autre…
Une détermination malgré les échecs
« Je n’étais pas très scolaire ».
Kévin, jeune de Perly-Certoux
Kévin grandit dans le quartier de Perly-Certoux, où il effectue sa scolarité primaire. Malgré un redoublement scolaire, il accède au cycle du Vuillonnex à Bernex. Durant le cycle, il effectue plusieurs stages, dont un en ferblanterie. À la suite de ce stage, le jeune homme décide d’en faire son métier et commence un apprentissage dans ce domaine. Malgré deux redoublements (lors de sa deuxième et dernière année d’apprentissage), il réussit finalement à être certifié.
Des opportunités de travail de plus en plus rares
« Et c’est à partir de là que c’est devenu un peu la merde quoi… Parce qu’une fois que j’ai eu le CFC, j’ai pas trouvé d’employeur ».
Kévin, jeune de Perly-Certoux
À la sortie de son CFC, malgré sa détermination, Kévin n’arrive pas à s’insérer professionnellement. Il nous explique qu’un de ces obstacles est lié aux conditions de rémunération entre les Français et les Suisses. Les diplômes français n’étant pas reconnus en Suisse, ceux-ci ne sont pas soumis aux Conventions collectives de travail, ce qui permet aux employeurs d’embaucher une main-d’œuvre moins chère pour les mêmes compétences. Les Français seraient donc privilégié.e.s sur le marché genevois. Un autre obstacle majeur est celui du manque d’expérience du jeune. Par conséquent, ce dernier s’inscrit dans des boîtes intérimaires afin de rester actif et gagner de l’argent, mais il enchaîne les réponses négatives : « Pour un jeune, surtout un jeune Suisse, c’est très compliqué. Je ne dirai pas dans les métiers manuels, mais surtout dans certaines branches, où il n’y a déjà pas beaucoup de travail de base ».
Ne pas perdre le rythme
« La seule opportunité que j’ai eu, c’est que j’avais rencontré à Plan-les-Ouates, l’Antenne Jeunesse ». Pour rester actif, il effectue des petites missions annexes comme le ramassage de déchets les samedi et dimanche matins.

Sur les conseils d’un ami, le jeune homme entre ensuite en contact avec les Travailleurs Sociaux Hors Murs de B2P (Bardonnex, Perly-Certoux et Plan-les-Ouates). Avec eux, il effectue divers petits jobs tels que les nettoyages, la mise en place et rangements lors de manifestations, des petits travaux d’espaces verts ou de rénovation, etc… Les THSM le mettent également en lien avec les patinoires de Perly-Certoux et ensuite de Plan-les-Ouates, où il travaille un à deux jours par semaine.
« Avec les TSHM, c’est bien parce que ça nous permet de travailler. C’est sûr, c’est pas des grands boulots, mais, au moins, on sort. Et puis, ça fait quand même qu’on rencontre aussi des gens ».
Kévin continue de postuler en tant que ferblantier, mais met fin à ses recherches ainsi qu’aux petits jobs pour effectuer son service militaire en aéroport en tant que contrôleur de base aérienne.
Le moral en baisse
« La première semaine, la deuxième semaine, la troisième semaine ça va… C’est comme des vacances. Mais à partir de là, on se rend compte qu’on a rien à faire et c’est vachement triste ».
Kévin, jeune de Perly-Certoux
De retour de l’armée, Kévin reprend les petits jobs des TSHM pour continuer à remplir son CV et rester actif. Durant son temps libre, il fait des activités en plein air : la pêche, la montagne, la patinoire, la plage… pour éviter de galérer : « J’étais toujours en dehors de chez moi. Je n’étais pas dans un endroit avec d’autres personnes, d’autres dans le même cas que moi en fait… »
Malgré ses volontés d’occupations, le jeune explique que sa famille ne se rendait pas toujours compte des efforts qu’il mettait en place pour sortir de cette situation de vulnérabilité : « Il y a la famille qui se demande si tu cherches vraiment. Quand on rentre, on va sur le canapé. On sort, on re-rentre, on re-va sur le canapé. On te dit que t’as pas bougé… C’était : « tu cherches ? tu fais quoi ? »
Le jeune homme vit péniblement cette situation de rupture. Il ressent le besoin de trouver un travail fixe, sur le long terme : « J’aurais pu continuer les petits boulots, mais après, je ne m’en sortais plus non plus ».
Viser plus haut
« C’était pas forcément pour l’argent, mais y être pour vraiment trouver des emplois plus facilement ».
Kévin, jeune de Perly-Certoux
Kévin s’inscrit par lui-même à l’Hospice Général. Selon lui, les ressources cantonales détiennent des mesures supplémentaires aux ressources communales. Ils proposent des stages d’insertion en entreprises, des outils complémentaires pour décrocher du travail ainsi que des méthodes de travail : « Ca c’était vraiment une grande aide parce qu’ils nous ont vraiment appris toute façon de chercher du travail en fait. Ce qui était assez intéressant ».

Toutefois, le jeune homme se rend compte des différences entre les suivis de proximité et les suivis cantonaux. Il voit sa conseillère deux fois en six mois : « Ce sont des gens qui sont là pour nous aider, mais ils aident un peu tout le monde donc ils bâclent le boulot ».
Tenter le tout pour le tout
« Après, pour moi, j’avais mis beaucoup d’efforts pour justement avoir un boulot. Et puis, une fois qu’on est à deux doigts d’en avoir un, c’est pas maintenant qu’il fait lâcher. Justement, il faut aller au bout ».
Kévin, jeune de Perly-Certoux
Du fait de ses expériences communales avec l’Antenne Jeunesse et les TSHM, l’Hospice Général a comme objectif d’orienter Kévin dans les métiers communaux. Cependant, le jeune homme trouve par lui-même une annonce d’emploi au sein d’un aéroport : « Quand j’ai vu leur emploi, je me suis dit : j’ai fait ça à l’armée, ça peut peut-être leur convenir. Donc je me suis dit : pourquoi pas tenter. Donc quand je suis allé à l’Hospice avec l’offre d’emploi, j’ai dit : écoutez faudrait que je postule là-dedans. À l’Hospice, le gars qui s’occupait de moi à l’SRP Il a dit : ouais, mais c’est pas dans nos objectifs, ça doit passer en second plan. Avec lui, j’ai dit : ok d’accord, très bien… ».

Kévin ne baisse pas les bras et se tourne vers l’Antenne Jeunesse pour demander de l’aide, car ce poste l’intéresse vivement. Ces derniers le soutiennent dans l’élaboration du dossier de candidature : « Pis on a envoyé. Quand je suis retourné au SRP, parce que je les voyais une fois par semaine, j’ai dit au gars : écoutez, moi j’ai quand même postulé. Si vous voulez m’aider maintenant c’est vous, si vous ne voulez pas m’aider vous ne le faites pas ».
Le SRP appuie finalement son dossier et il obtient le poste en question : « Après, il y a ce que les consignes nous disent de faire. Mais c’est pas parce qu’ils nous ont dit de faire ça, qu’il ne faut pas non plus aller chercher soi-même. Parce qu’au final, on peut passer à côté d’une opportunité ».
La violence sociale comme frein à l’émancipation
Contexte global au canton
En Suisse, après l’école obligatoire, les jeunes ont l’opportunité de soit poursuivre des études en hautes qualifications, soit d’effectuer une formation professionnelle. Cependant, ces deux opportunités ne flottent pas sur le même pied d’égalité. Effectivement, le canton de Genève concentre la majorité de ses emplois dans le secteur tertiaire. Cela revient à dire que les apprentissages dans les secteurs primaires ou secondaires, se voient finalement restreints quant aux opportunités de travail. Ces données nous permettent de faire un lien concret concernant le parcours de Kévin. Certifié, Kévin cherche sans relâche un poste de travail en tant que ferblantier (secteur primaire). Malgré toute sa volonté, il vit deux ans de rupture professionnelle. Pour trouver un emploi, il est finalement contraint de changer de travail dans le secteur tertiaire.
Malgré que le contexte genevois encourage fortement les jeunes à poursuivre de hautes études, le nombre des ruptures scolaires tend sensiblement à augmenter au fil des années… C’est d’ailleurs à ce niveau que la formation FO18 intervient afin de pallier cette problématique. En ce qui concerne les deux jeunes, tous deux ont rencontré des difficultés quant à leurs études, les faisant redoubler.
La valorisation des études comme violence symbolique
Les valeurs de notre société moderne actuelle accentuent des phénomènes tels que l’accroissement de l’individualisme. Ainsi, les succès et les échecs incombent directement aux individus eux-mêmes. Cela pousse donc à une compétitivité entre individus et l’importance d’une certification devient de plus en plus présente. Comme l’explique Becquet [1]2012, ceux qui subissent cette logique méritocratique se voient obligés d’assumer les conséquences de leur échec et voient leur estime d’eux-mêmes fragilisée.
« La vulnérabilité est une ‘’zone intermédiaire, instable, qui conjugue la précarité du travail et la fragilité des supports de proximité’’ au sein de laquelle les individus sont ‘’en situation de flottaison’’ »
Castel cité dans Becquet, 2012, p.42
Selon Becquet, être jeune c’est être vulnérable. Autrement dit, la jeunesse entre inéluctablement en lien avec la notion de vulnérabilité, due à son manque de ressources professionnelles et relationnelles. Ceci est le cas de Marie. Nous constatons que lorsque la jeune fille commence les études en secondaire II, elle se retrouve pleinement dans cette situation d’entre-deux. Lorsque Marie arrête l’Ecole de Commerce, elle décide de persister dans les études. Malgré son désintérêt pour cette voie, la jeune fille se redirige vers l’ECG. Selon l’auteure, cette flottaison à laquelle la jeune fait face met en lumière certains phénomènes telle « la scolarisation dans la perspective d’obtenir un diplôme nécessaire à l’insertion professionnelle » [2]Bequet, 2012, p. 57. Dès lors, Marie s’insère dans la figure de « vaincue » structurée autour de l’expérience scolaire. Autrement dit, elle se retrouve obligée d’assumer les conséquences de ses échecs, ce qui l’induit en situation de décrochage.
Comment faire face à ces violences sociales ?
Le travail artisanal, comme le sous-entend le terme, apporte un soutien bien spécifique pour une personne précise. Nous pouvons parler de « sur mesure » ou encore d’aide individualisée. Aussi, cette méthode d’intervention permet une prise en compte des différentes dimensions / problématiques que la personne peut vivre. L’aide est alors personnalisée et adaptée à l’individu.
Les ressources communales à disposition de la jeunesse (TSHM, Locados, Antenne jeunesse) ont pour mission de créer des espaces familiers pour les jeunes. La création de lien de confiance est d’ailleurs un point particulièrement apprécié par Marie lorsqu’elle cite : « Ils sont un repère. Dans le sens que, si je suis perdue, je sais que je peux me diriger vers eux ».
Comme expliqué ci-dessus, la valorisation des études peut entraîner une perte d’estime de soi, dans le cas où le jeune n’est « pas scolaire ». Pour pallier à ces problématiques, les travailleurs de proximité proposent des « petits jobs » rémunérés. Valoriser leurs compétences permet aux jeunes de leur faire garder un rythme, tout en se rendant utiles dans les espaces publiques. Effectivement, Kevin répète à plusieurs reprises que les missions annexes et « petits jobs » lui ont permis s’occuper, tout en remplissant son CV de diverses expériences.
Selon Kévin les ressources cantonales telles que l’Hospice Général sont bien moins individualisées. Les professionnel.le.s ont généralement beaucoup de dossiers en même temps donnant ainsi un effet de « simples numéros ». De ce fait, le suivi n’est souvent pas assez adapté aux divers bénéficiaires. Ces ressources sont cependant plus à même de trouver des supports financiers.
Un âge pour la vulnérabilité ?
Pour conclure, comme mentionné plus haut, être jeune est synonyme d’être vulnérable. Effectivement durant cette période de transition, les personnes concernées sont probablement plus enclines à ne pas avoir les qualifications et ressources pour s’en sortir. De ce fait, cela inclurait que n’importe quel individu puisse être vulnérable et à n’importe quel âge de la vie. Ainsi, Valérie Becquet invite à « […] considérer que les jeunes seraient vulnérables au même titre que le reste de la population. » [3]2012, p.54.
Réalisation
Charlotte Bonneti, Jennifer Lienhard, Clio Trombert & Diyar Uzundere – Haute Ecole de Travail Social de Lausanne (HETSL)